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PROCHAIN DÉPART POUR LA TURQUIE!

Bonjour à tous,

Cette année, nous avons préparé notre prochain voyage en Turquie, Géorgie et Arménie; le départ était prévu au tout début août. Nous partirons, mais …

La situation politique en Arménie n’est pas des plus stable, un peu comme en Ukraine il y a quelques mois, des manifestations sporadiques éclatent (on parle de « Maïdan arménien ») et les garnisons russes dans le pays sont, paraît-il, en état d’alerte!

Pour arriver en Arménie par la route, depuis la Turquie, il faut passer par la Géorgie. Ici aussi, la situation n’est pas des plus favorable. Les gardes-frontière russes en Ossétie du sud « déplacent » la frontière géorgienne, … manifestations contre la Russie, etc. Dans le nord – est, région que nous avions prévu visiter, des groupes islamistes s’intéressent aux rares touristes. Difficultés administratives aussi: deux ressortissantes françaises privées de leur passeport durant 10 jours et condamnées à EUR 2’500.- d’amende pour possession de Dafalgan codéine. Dans la pharmacie commune de voyage, nous avons quelque cinq médicaments figurant sur la liste des substances interdites en Géorgie. Alors, …

Pour le moment, nous renonçons donc à visiter ces deux pays et approfondirons nos connaissances sur la Turquie.

A bientôt, une « carte postale » de Turquie.

SOUVENIRS DE FRANCE …

Quelques souvenirs et photos de notre dernière escapade en France. Si les orages et les hautes eaux du Tarn, de la Cèze et de leurs affluents nous ont fait quitter plus rapidement cette merveilleuse région, deux moments forts ont marqué nos esprits:

  • Le Palais idéal du facteur Cheval à Hauterives dans la Drôme, et
  • Le village de Rocamadour dans le Lot.

Le « facteur Cheval« , c’est qui? c’est quoi?

A la fin du XIXe, le facteur de Hauterives, Ferdinand Cheval (1836-1924) entreprit de construire dans son jardin une sorte de monument avec les pierres qu’il ramassait tout en effectuant ses tournées. Durant trente-trois ans, il édifia ainsi le « Palais idéal », mélange d’exotisme oriental, genre moyenâgeux et baroque, truffé de sentences de son cru. Voir sa biographie ici.

Niki de Saint Phalle, en visite à Hauterives avec son compagnon Jean Tinguely, aurait dit à ce dernier: « En voilà un encore plus fou que toi! ».

Si vous passez dans la région, mieux, allez-y, visitez la « Palais idéal » C’est le « truc » le plus dingue qu’il m’a été donné de voir.

Voir aussi Wikipédia et le Site officiel du Palais idéal!

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Rocamadour, un curieux site dans les gorges de l’Alzou, au pied d’un énorme rocher. Le village, une unique rue traversante, bordée de maisons anciennes, comprend plusieurs portes fortifiées. Un fort et des sanctuaires le dominent. Beaucoup de touristes!

Rocamadour voir Wikipédia

Encore quelques photos sur la carte de notre escapade en France.

NOUVEAU RÉCIT DE VOYAGE … « LE JARDIN NOIR »

Les orages et les impressionnantes inondations au centre de la France auront malheureusement abrégé notre court périple en France profonde. Mais ce dernier nous laissera quand même de nombreux et mémorables souvenirs notamment quand, en raison des intempéries, nous devons nous réfugier, bien involontairement, dans un camp de nudistes! Non, il n’y a pas de photos!

Mais soyons sérieux.

 Il y a quelques jours, nos amis, Annie et Pierre Régior, nous ont transmis une nouvelle lettre, récit de leur voyage en Arménie et le Haut-Karabagh. Comme promis, nous vous en faisons part.


Qu’ils soient ici remerciés pour nous avoir autorisés à publier une partie de leurs aventures.

M+D

« Bonjour,

Un petit poste frontière dans la vallée, quelques minutes de formalités, une poignée de mains du douanier et nous quittons le Karabagh pour retrouver l’Arménie.

Trois semaines passées dans le Haut-Karabagh s’achèvent. Trop vite, trop riches aussi pour que cette lettre en donne une image complète.
Un peu d’histoire sur ce pays qui ne vous dit sans doute pas grand-chose ! Le Karabagh, le Jardin noir par ses forêts et la teinte de sa terre, a la dimension d’un petit département français et une population de 140 000 habitants. De 1991 à 1994,  une « guerre de libération » a opposé la population arménienne du Karabagh à l’armée azérie dans cette région historiquement arménienne mais rattachée arbitrairement à l’Azerbaïdjan turcophone par Staline. Trente mille morts dans un pays qui comptait alors près de 400 000 habitants.
 Les cimetières à l’orée des villages gardent la mémoire de ces années. Les tombes représentent des hommes en tenue de combat et des civils en fichu et bonnet de laine… Des victimes azéries pas de traces car les villes et les villages où elles vivaient ont été abandonnés, détruits pendant les combats ou plus tard pour interdire tout idée de retour. Le Karabagh est redevenu arménien, totalement arménien, malgré les efforts faits par l’Azerbaïdjan pendant la période soviétique pour coloniser la région en installant massivement des familles azéries.
 1994. Les Arméniens du Haut-Karabagh prennent l’avantage sur les troupes de l’Azerbaïdjan et un cessez-le-feu conclu sous l’égide de la Russie, des États-Unis et de la France établit l’indépendance de fait de leur région.
 Le Karabagh échappe à la curiosité des touristes car il est difficile d’envisager sa découverte durant un court séjour en Arménie et de ce pays-là la guerre est souvent la seule image retenue.
Lilit a 26 ans ; elle parle le français appris à l’Université de la Capitale Stepanakert. Elle nous accompagne souvent, jouant l’interprète auprès des gens rencontrés qui parlent « seulement » le dialecte du Karabagh, l’arménien et le russe ! La présence de Lilit, la gentillesse naturelle des Karabaghsti suffisent à rendre notre voyage passionnant.
 Les ressources propres du Karabagh sont limitées aux produits de l’activité minière (cuivre et or) et à l’agriculture (raisin, grenades, tabac, légumes). L’Arménie voisine et la diaspora maintiennent à flot une économie fragile.
 Dimanche 28 septembre. Monsieur Rochebloine député de Saint-Chamond et président du cercle d’amitié franco-arménien prend la parole d’une petite estrade plantée dans la cour de l’école maternelle toute neuve du village d’Harav, à une vingtaine de km de Stepanakert. Face à lui, des familles d’agriculteurs dont les enfants agitent des petits drapeaux karabaghtsi et français. La construction de l’école a été financée par une famille d’origine arménienne vivant à Saint-Chamond et présente dans l’assistance. C’est que le Karabagh indépendant constitue pour tous les Arméniens un enjeu symbolique majeur : la reconquête de terres historiques et il convient de donner des atouts à la jeune république. Une part importante de l’aide apportée par la diaspora consacrée habituellement à des projets en Arménie s’est depuis quelques années orientée vers le Haut-Karabagh pour la construction d’écoles, de routes, d’équipements hospitaliers.
Robert a un verger de grenadiers. La récolte n’aura lieu que dans deux semaines mais il a cueilli pour nous quelques fruits bien mûrs et nous prenons le chemin de sa maison pour le repas. Robert a 42 ans, quelques terres et du matériel qu’il loue aux agriculteurs voisins. Nous mangeons sur la terrasse abritée de l’orage. Dans la lumière brève des éclairs, Robert nous montre les hangars sur la ligne de crête à quelques centaines de mètres d’où nous nous trouvons. C’est ici qu’il stocke paille et matériel agricole. Dans ces constructions sommaires, les villageois se réfugiaient lors des bombardements azéris, si près des lignes ennemies qu’ils échappaient ainsi aux canons détruisant les habitations qu’ils venaient d’abandonner. Robert et ses quatre frères ont combattu contre Azerbaïdjan. Le plus jeune a perdu la vie tout comme le père de Lilit lorsqu’elle avait quatre ans.
 La « jeep » UAZ (de fabrication soviétique) tressaute sur la piste défoncée. Sarkis l’appelé et Zaven l’officier nous conduisent sur la « ligne de contact » qui sépare l’armée du Karabagh et celle de l’Azerbaïdjan. Nous  traversons Aghdam une ville azérie conquise par les Karabaghtsi en 1994. D’une agglomération de 40 000 habitants ne subsistent que des pans de murs gagnés par la végétation. Deux minarets se dressent au milieu des ruines témoins insolites du désastre. Nous fonçons maintenant à travers la plaine voguant sur les ornières comme sur une mer en furie. Destination : un relief construit à grand renfort de bulldozers. C’est la première ligne de défense du Karabagh. Par une étroite meurtrière, on distingue, à 400 m de là l’Azerbaïdjan et son remblai protecteur. Les tirs des snipers font régulièrement des victimes de chaque côté de la ligne de démarcation. Nous partageons le café accompagné d’une tartine de caviar d’aubergine et nous quittons les soldats en empruntant la tranchée qui nous conduits à couvert vers la « jeep » où patiente Sarkis.
 Curieux voyage dans ce pays entre guerre et paix. Images de paix : vendanges, récolte des feuilles de tabac, tissage des tapis, gargotes du bord de route où l’on nous sert le hènguialovhats, le pain aux herbes, arrosé de touti oghi l’eau de vie de mûres d’arbre à 63°. Images de guerre : convois militaires, canons inclinés vers l’horizon, treillis et démarche martiale. Nous garderons de ce pays grand comme un mouchoir de poche l’image de  l’incroyable attachement des gens à leur jardin noir et celle d’une incomparable hospitalité.
 Prochaine étape Gyumri où a commencé il y a dix semaines notre voyage en Arménie. Nous nous sommes faits dans cette ville quelques amis que nous retrouverons avec plaisir avant de prendre la route du retour.
Dans trois semaines environ nous serons en France.
 Nous vous embrassons.
 Annie et Pierre »


A bientôt!

DES RÉCITS DE VOYAGES …

Bonjour à tous,

Nous voici de nouveau en route, pas très loin, dans le sud-ouest français. Après la Mongolie, nous désirions « faire une pause ». Cette année, nous renonçons à vous parler de « notre » voyage. Mais, …
En 2009, en Turquie à plus de 2’000 m d’altitude, sur le Nemrut Dag, nous avons rencontré un couple de Français qui, comme nous, voyageait à bord d’un 4×4. Il partait en Iran …

L’année précédente, il sillonnait les pistes de la Terre de Feu avec leur Toyota surmonté d’une cellule Azalaï, et l’année suivante, toujours seul et après avoir traversé la Sibérie, il découvrait la Mongolie, y retournait un an plus tard en été par la route et en hiver par avion.

En 2012 et 2013, il parcourait l’Afrique du Sud pour nous ramener, comme toujours, de magnifiques photos présentées dans d’impressionnants montages audio-visuels.

Le 9 juillet dernier, Annie et Pierre Régior nous annonçaient leur départ pour un voyage de quatre mois à la découverte de la Géorgie et de l’Arménie ainsi qu’à la redécouverte de la Turquie de l’Est. Nous citons leur courriel du mois dernier juste avant de partir:

 

« … La route jusqu’en Turquie, nous l’avons parcourue une première fois en 1974 lors d’un voyage en Afghanistan à bord d’une ancienne ambulance militaire américaine de marque Dodge datant de 1949 ! Les performances du véhicule étaient modestes, sa consommation excessive, son confort rustique. Notre route avait traversé le nord de l’Italie, l’ex-Yougoslavie, la Bulgarie et fait étape à Istanbul avant de s’enfoncer dans les mystères magnifiés de l’Asie des années Katmandou.

Depuis cette longue échappée, nous avons pris goût à la liberté qu’offre une monture préparée longuement, chargée de tout le nécessaire et d’un peu de superflu.
 

De la Turquie, nous aurons plaisir à retrouver les matinées lumineuses, l’accueil, les pauses accompagnées de thé, d’abricots juteux, de pastèque. Mais c’est la part d’ombre de ce grand pays qui nous attire plus particulièrement dans ce voyage, cette mémoire engloutie, niée, celle de la présence arménienne et du génocide de 1915. Des traces existent en Anatolie, enfouies dans les mémoires, dans le huis clos des familles, dans les ruines des églises. Ces traces presque invincibles nous les suivrons jusqu’en Arménie, jeune et minuscule État rescapé d’une grande civilisation. C’est dans ce pays que nous passerons l’essentiel de ce voyage. La Géorgie en sera une étape avec en toile de fond les crêtes enneigées de la chaîne du Caucase.

 Chaque mois, nous vous enverrons un récit des étapes parcourues et de nos rencontres.  … »
 

Ils sont maintenant en Arménie et nous ont autorisés à vous présenter leurs récits de voyage. Un grand merci à eux!

 Bonne lecture.
 

11.08.2014

A 6’000 KM DE VOUS …

Première lettre de notre voyage en Arménie. Nous reprenons l’habitude de nos précédents périples : vous raconter des moments vécus, des impressions fugaces ou durables qui ponctuent nos voyages.

Un mois sur la route, 6 500 km parcourus, 9 frontières franchies… Les chiffres froids pour une route chaude sur le goudron fondu du plateau anatolien, dans les vallées étroites de la chaîne du Caucase, dans les draps moites des premières nuits arméniennes.

Nous avons roulé sans étape remarquable jusqu’au Lac de Van, dans l’extrême-est de la Turquie, non loin de la frontière iranienne. Nous aurions pu trouver plus court chemin pour gagner l’Arménie mais nous voulions revisiter, sur l’île d’Akhtamar, la belle église de pierre dorée qui domine le bleu du lac. Ce joyau est un des rares témoignages tolérés par les Turcs de la présence des Arméniens qui peuplaient cette terre s’étendant de la Méditerranée à la Mer Noire et à la Mer Caspienne. Cette étape, celles de Kars et d’Ani plus au nord, n’avaient d’autres buts que de nous préparer à la découverte de l’actuelle Arménie dont nous n’avions, lors d’autres voyages en Turquie, qu’effleuré la frontière.

L’Histoire de l’Arménie se résume souvent au génocide de 1915. Quelques mots sur cette tragédie qui débute à la fin du 19ème siècle pour se poursuivre quelques années encore après la  première guerre mondiale. Un décompte effrayant : plus d’un million de victimes de pogroms, d’exécutions sommaires et de déportation poussant jusqu’à la mort des centaines de milliers d’Arméniens vers le désert au sud de L’Euphrate. Un tiers de la population de l’espace turc actuel était, avant le génocide, arménien. N’y subsistent aujourd’hui que quelques milliers des descendants le plus souvent islamisés.

C’est que le peuple arménien, le premier à avoir adopter le christianisme comme religion d’État, a sans doute pris racine au mauvais endroit, à la croisée de puissances auxquelles il ne pouvait durablement résister : Arabes, Perses, Mongols, Ottomans, Russes.

Les rescapés du génocide de 1915 ont émigré en France et aux États-Unis. Ils possèdent également un État grand comme un région française et peuplé de 3 millions d’habitants, coincé entre Turquie, Géorgie, Azerbaïdjan et Iran.

  Les relations entre l’Arménie et ses voisins sont compliquées : la frontière avec la Turquie restera fermée aussi longtemps que le problème de la reconnaissance du génocide n’aura pas trouvé un début de solution. De 1991 année de son indépendance, jusqu’en 1995, l’Arménie a été en guerre avec l’Azerbaïdjan à propos du Haut-Karabagh. Depuis 1995, une « paix armée » fige la frontière de cette partie de l’Azerbaïdjan rattachée à l’Arménie. Les partenaires privilégiés de l’Arménie sont la Russie (l’enseignement du russe est obligatoire dans les écoles arméniennes) et l’Iran qui a trouvé dans les échanges avec son petit voisin, un moyen de contourner l’embargo occidental.
 

3 faits ont décidé de ce voyage : l’importante diaspora arménienne dans notre région qui a toujours suscité pour nous une curiosité pour cette culture ; nos séjours successifs dans l’Est turc où plane « le fantôme arménien » et l’envie de découvrir ce que cachent les « images d’Épinal » de ce pays : les belles églises de pierre dans l’ombre tutélaire du Mont Ararat.

 Voici dix jours, par un matin froid et brumeux, nous passions, à 2 000 m d’altitude, le petit poste frontière séparant la Géorgie et l’Arménie. De chaque côté de la ligne de crête, une route défoncée.
 

Notre première étape arménienne : Gyumri. Le mauvais état des routes n’est pas la seule difficulté d’un voyage ici ; les habitants de l’Arménie parlent l’arménien oriental et le russe, langues que nous ne connaissons pas. Pour surmonter cette difficulté, nous avions pris, avant notre départ, des contacts avec des Arméniens francophones. Dès notre arrivée à Gyumri, avant-même nos premiers rendez-vous, nous sommes interpelés amicalement par des gens parlant quelques mots de notre langue. Certains ont vécu en France, d’autres y ont des parents, d’autres encore ont étudié au lycée français de la ville. C’est que des liens forts existent entre l’Arménie et la France depuis des siècles renforcés par la venue dans notre pays de rescapés du génocide. Dès le premier jour, nous percevons cette proximité affective.

Les événements récents survenus à Gyumri donne la mesure des catastrophes qui jalonnent l’Histoire arménienne. 7 Décembre 1988, 11 h 40. L’Arménie est encore une république soviétique isolée au sud de L’URSS. Gyumri est la seconde ville du pays avec 280 000 habitants et ses grandes usines de textile. En quelques minutes, la ville est détruite par un tremblement de terre provoquant la mort de 30 000 personnes.

Dimanche midi, température 40°. Nous sommes attablés devant un plat de feuilles de vignes farcies agrémenté de fromage blanc, d’une salade de tomates et de concombres et des crêpes à la viande. Martin notre hôte était directeur de l’école française de la ville au moment du séisme.  Il ne sait par quel hasard, il a été dégagé vivant du bâtiment  effondré abritant l’école. Sa femme et ses deux enfants ont eux perdu la vie dans la maison où ils attendaient Martin pour le repas.
 

26 ans plus tard, Gyumri porte encore les traces du séisme. La population n’est plus que de 70 000 habitants car une seconde catastrophe a touché la ville suite à l’indépendance de l’Arménie en 1991 : l’industrie textile, grande pourvoyeuse d’emplois, a perdu l’ensemble des débouchés vers les républiques de l’ex-empire devenues indépendantes.

Gyumri est une ville somnolente à la croisée de l’Occident et de l’Orient. Dans les venelles du marché aux senteurs d’épices et de fruits, les marchands jouent au jacquet. Nous retrouvons ici l’atmosphère des bazars de l’Iran voisin. Plus loin, en bordure de la vaste place cernée de bâtiments à l’architecture soviétique, quelques cafés sont installés dans l’ombre bienveillante : torpeur méditerranéenne…

 Pendant quatre jours, nous avons découvert Erevan dans une chaleur étouffante.  Nos contacts francophones dans la capitale ont facilité les formalités administratives liées à la durée inhabituelle de notre séjour : mélange d’organisation soviétique, de nonchalance orientale et de gentillesse arménienne. Hier, nous avons pris de l’altitude et goûtons avec bonheur la fraîcheur des bords du lac Sevan.

Nous vous embrassons.

Annie et Pierre
 
 

05.09.2014

SUR LES PENTES DU MONT ARAGATZ

Vous avez bien lu : cette lettre a pour cadre le Mont Aragatz, point culminant de l’Arménie à 4 091 m.

Peut-être avez-vous pensé au Mont Ararat, symbole de l’Arménie, que les soubresauts de l’Histoire ont placé en Turquie autant dire pour les Arméniens du mauvais côté de la frontière…
 

Après quelques jours passés dans la douceur de la rive du lac Sevan, nous avons retrouvé la fournaise de la Capitale. Erevan est une ville plaisante aux larges avenues, aux nombreux parcs et à l’architecture de tuf brun, beige et rosé. Mais l’été y est étouffant et la ville ne s’anime qu’au crépuscule lorsque, sur les trottoirs encore brûlants, les gens déambulent en quête d’une fraîcheur qui ne viendra pas.

Puis nous avons repris de la hauteur en escaladant les pentes du Mont Aragatz à trois heures de la Capitale. Les distances sont courtes dans ce pays mais les routes sont si tortueuses et bosselées qu’un déplacement se mesure au temps nécessaire pour le parcourir.
 

Trois heures donc, par des pentes en lacets serrés qui nous transportent de 1 000 à plus de 3 000 m, de la chaleur des rues à l’âpreté des pâturages et de la rocaille, de l’élégance racoleuse des urbains à la vie rude des bergers. La montagne de l’Aragatz, c’est le royaume des Kurdes yézidis, petite communauté originaire d’Irak qui a essaimé dans tout le Moyen-Orient. Contrairement aux autres Kurdes, les Yézidis ne sont pas musulmans mais héritiers du paganisme des anciens Perses. Ils sont 30 000 en Arménie qui vivent d’activités pastorales. Nous rencontrons les premières familles à partir de 2 500 m d’altitude. Un camp se compose d’une vaste tente servant de lieu communautaire, de cuisine et d’atelier pour la confection du fromage, d’une roulotte aux allures de petit wagon utilisée comme chambre à coucher par les trois générations qui cohabitent. Autour, la terre battue et un enclos où les animaux sont rassemblés pour la nuit.

Pour échanger avec les bergers, il faut passer le barrage des chiens, molosses aux oreilles coupées qui protègent le bétail des attaques des loups. Leurs aboiements font sortir de la tente deux femmes occupées à préparer le panir, le fromage de brebis. On nous invite sous la grande toile pour un café, un verre de vodka, une tomate, un concombre, le pain et le fromage. Nous nous apprêtons à prendre congé lorsque qu’arrive de la plaine une famille venue échanger ses produits : prunes, raisin et légumes contre fromage. La proximité des agriculteurs permet aux Yezidis un échange sans intermédiaires. On reprend place sur les chaises bancales pour un nouveau repas et une nouvelle rasade de vodka… Le soir venu, les troupeaux reviennent au campement et la traite commence avec en fond de scène le sommet enneigé de l’Ararat nimbé dans la chaleur de la plaine. 
 

À 3 200 m, la route se termine à l’entrée d’une ancienne base militaire soviétique parfaitement identifiable par le désordre des hangars effondrés et des poteaux rouillés laissés en héritage. Ici débute le sentier qui permet, en quelques heures de marche, de gagner le sommet de l’Arménie.

Nous campons par une belle nuit étoilée et une température de 7° : un vrai luxe à s’offrir dans l’été étouffant du Sud-Caucase.
 

Lorsque nous redescendons vers la plaine nous multiplions les étapes pour jouir quelques moments encore de la limpidité de l’air.

Hovannès s’installe chaque été, avec famille et abeilles, sur les pentes de l’Aragatz à 2 200 m d’altitude. Son campement avec tente et roulotte ressemble à celui des voisins « du dessus », les bergers yézidis. Ici pas de troupeau mais une trentaine de ruches bourdonnantes qui produisent le miel qu’Hovannès vend aux gens de passage. Sa fille connaît quelques mots d’anglais, bien assez pour comprendre l’invitation qui nous est faite de partager le repas de la famille. Tomates et concombres parfumés de coriandre, de menthe, de persil et d’oignons tendres, fromage, ragout de poulet, pastèque et miel, le tout accompagné du lavash, le pain arménien, galette fine et craquante comme un biscuit.
 

Notre route est semée de ces rencontres qui sont le premier bonheur du voyage : presque chaque jour, nous sommes invités à partager un repas et quittons nos hôtes les bras chargés de légumes, de fruits, de miel, le cœur tout remué de tant de gentillesse.

 Depuis un mois nous découvrons l’Arménie. Dans quelques jours, nous serons dans le Haut-Karabagh, petit territoire peuplé majoritairement d’Arméniens que Staline dans son machiavélisme maladif avait rattaché à l’Azerbaïdjan musulman. Lors de l’effondrement de l’empire soviétique, les Arméniens du Karabagh aidés de leurs frères d’Arménie se sont soulevés et ont obtenu une indépendance qu’aucun État au monde ne reconnaît. Nous avons noué des contacts au Karabagh qui nous font espérer de belles découvertes. Nous vous parlerons dans la prochaine lettre.
 

Annie et Pierre

 

PS. Depuis notre rencontre avec les bergers de l’Aragatz, nous avons appris que les Yézidis étaient massacrés en Irak. Dans un journal arménien, deux photos ont été mises en parallèle : la première date de 1915 et montre la fuite de villageois arméniens d’Anatolie devant la charge de soldats ottomans ; le second cliché date de quelques jours. C’est celui de la détresse de bergers yézidis irakiens face aux crimes des intégristes musulmans pour qui la religion n’est que le prétexte à leur folie sanguinaire.

Dès que nous disposerons de nouvelles lettres ou courriels de nos amis, nous vous en ferons part. Bonne lecture!

À bientôt

DERNIÈRE CARTE POSTALE … ET 22’500 KM PLUS TARD!

Lundi 02.09.2013

Etape de quelque 400 km. Passé la frontière polono – allemande à Kobascowo. On apprécie grandement l’Europe qui a supprimé les formalités de douane et de paperasses ! Bivouac sur les rives de l’Elbe près du port de Coswig. Dommage qu’il pleuve et vente. Lutherstadt est à un jet de pierre et les portraits de Martin Luther jalonnent les rues.

Mardi 03.09.2013

Au fil des heures et de notre progression vers le sud, le temps s’améliore. Arrêt dans un camping trop méticuleusement organisé. Assez germanique, somme toute !

Mercredi 04.09.2013

Sommes en Suisse, à Wabern plus précisément. Au bord de l’Aar. Il fait beau et chaud. Température à 15h00 : 26,5°. Demain « à la niche » !

Remarques générales (ndlr : de Micheline et reprises in extenso), après un voyage émerveillant et éprouvant :

  • Grand merci à nos mécaniques, qui, malgré les grincements de pont, malgré les vibrations qui nous inquiètent depuis la Mongolie, malgré les rafistolages opérés en route, malgré certains essoufflements, malgré la fumée blanche et autres secousses ressenties dans la boite à vitesses, nous ont ramenés en Suisse !
  • Merci à la Mongolie de nous avoir offert de merveilleux paysages et découvertes en récompense des tressautements et soubresauts que nous ont réservés ses pistes. Et merci à la population rencontrée en chemin, de nous avoir donné le sourire, l’hospitalité et de nous avoir témoigné curiosité et intérêt.
  • Merci à la Russie aussi, malgré qu’elle ignorera superbement notre reconnaissance, de nous avoir épargnés sur ses routes en laissant ses citoyens les plus irréfléchis emboutir d’autres véhicules ! Merci à Moscou d’avoir levé ses nuages et de nous avoir régalé de soleil lors de la visite de la ville avec notre aimable guide Svetlana. Sans parler des paisibles Vladimir, Ekaterinbourg et autres lieux magnifiques que compte ce grand pays.
  • C’est bien connu, les mauvais moments s’estompent pour laisser place au meilleur du vécu. Ce fut un voyage éprouvant certes, mais dont le souvenir restera vivace en nos mémoires. Pour l’instant, les images se mêlent encore en une symphonie d’impressions fugaces. Plus tard, ce sera un concerto de sensations et de souvenirs ou chacune et chacun pourra s’exprimer en solo.
  • Un seul regret, et il est de taille : l’impossibilité de visiter la partie ouest de la Mongolie, notamment l’Altaï, en raison de cette épidémie de peste noire et de la fermeture de cette partie du territoire aux étrangers.
  • Last but not least : merci à Jean-Claude et à Denys, chauffeurs émérites, qui nous ont sortis de situations rocambolesques, ont évité les pièges et ont conduit jusqu’à plus soif sur l’abominable tôle ondulée. Huit heures au volant = 200 km au maximum en Mongolie ! Chapeau les gars !

C’est notre dernière carte postale pour ce voyage !

Nous ferons part d’autres remarques et impressions en publiant, comme d’habitude, les photos et les tracés de nos quelque quatre-vingt étapes.

Merci à Micheline d’avoir scrupuleusement tenu « le journal de bord » ce qui nous a permis de rédiger ces quelques cartes postales qui, osons-nous l’espérer, vous auront donné l’envie de voyager « autrement ».

Micheline et Denys

ET C’EST LE RETOUR (Dzwnowek/PL, 01.09.2013)

(extraits du journal de Micheline, photos de Josiane)

Mercredi 28.08.2013

Quitté l’hôtel à Moscou vers 09h30. A part quelques bouchons dus à des chantiers et des accidents ou des voitures en panne au milieu de la route, la circulation fut assez fluide sur les larges avenues moscovites, roulante sur le périphérique. On s’attendait au pire ! Repris la E22 – M9 en direction de la frontière lettone. Très nombreux chantiers.

Jeudi 29.08.2013

Passé les frontières russe et lettone sans grand problème et, surtout, très rapidement (un peu plus d’une heure !) Personnels douaniers et policiers plutôt avenants … sauf un ours letton mal léché qui ne voulait pas accepter un document rempli  avec un stylo rouge. Bivouac dans un joli camping au bord du lac Sivers (LV). Dommage que l’eau croupie de la citerne nous ait gâché la douche.

Vendredi 30.08.2013

Josiane aurait bien voulu voir la mer Baltique. Comme nous sommes en avance sur notre plan de rentrée, on y va ! Camping au bord du lac Rydzevo.

Samedi 31,08.2013

Traversé Olsztyn, Elblag, Gdansk, Gdynia pour aboutir à Bialogora ; petit village touristique assez loin la mer. Camping bon marché, valant bien qu’on ne paie pas cher !

Les tiques sont aussi présentes en Pologne.

Dimanche 01.09.2013

Longé la Baltique, que l’on n’aperçoit que rarement, la route étant en retrait. Villages bondés de touristes (c’est dimanche !) tels que Lazy, Uniesce, Mielno, Gaski. Pluie intermittente. Vent très fort. La belle plage du camping (presque vide) n’invite pas à la baignade, malheureusement. Le lieu, facile à prononcer, doit s’appeler Dzwnowek.

( … )

Dès demain, par petites étapes, nous gagnerons le sud et nos pénates par les autoroutes allemandes et suisses. Il n’y aura donc pas grand-chose à vous raconter. Micheline poursuivra la rédaction de son journal et nous vous ferons part, dans un dernier « post » sur ce voyage, de nos impressions personnelles et de quelques remarques « techniques » sur nos expériences, nos matériels, etc.

A bientôt !

Nous pensions en avoir fini avec les tiques!

À TRAVERS LA RUSSIE ET … PANNE EN PAYS TATAR (Moscou, 27.08.2013)

(extraits du journal de Micheline, photos de Josiane, Micheline et Denys)

Mercredi 14 août 2013

Progressé en direction de Novossibirsk sur la M52. De la frontière (Tashanta jusqu’à Cherga), paysages grandioses, gorges, rivières limoneuses, montagnes et replats. Magnifique parcours, notamment le Chuyski Takt. Bonne route, enfin. Cherché un bivouac dans la région de Gorno – Altaysk durant deux heures. La pluie abondante des derniers jours a transformé la campagne en boue glaiseuse. Quand même trouvé un endroit presque sans enlisement vers une église. Loin d’être idéal, mais on dort bien; il faut se plier aux exigences du terrain, du temps, des pistes et … des capacités de nos véhicules. Il continue de pleuvoir. Le pays est de plus en plus habité. Les villages se succèdent plus rapidement. Pour les Russes, c’est une région touristique fort fréquentée. Rafting, pêche et sports de plein air. Nombreux villages isbas – bungalows, vétustes mais peuplés. Et boutiques de souvenirs qui vont avec. On y trouve des peaux de bêtes sauvages, des nains de jardins et des blanches-neige, du miel et de la verroterie ainsi qu’un artisanat assez douteux, plutôt fait machine que main. … Bonne nuit !

Jeudi 15 août 2013

Novossibirsk. Pluie abondante. Il vaut mieux rester sur le goudron. La campagne et les rues des villes et villages non goudronnées, sont transformées en bourbiers et il n’est pas rare de voir les Russes eux-mêmes pris dans la glu jusqu’aux essieux. Pris nos quartiers à l’hôtel Sibir, propre, mais spartiate. Bon restaurant. Réception sympathique et efficace. Nuit agitée car nous avons perdu l’habitude du bruit des villes.

Vendredi 16 août 2013

La M51 nous accueille sur son ruban inégal, monotone, surchargé de camions. Longues rectilignes entre les bouleaux dressés comme des codes – barres ! Soporifique. Arrêt à Barabinsk pour du change, où nos USD et EUR sont radiographiés un à un, recto – verso. L’opération prendra une heure et demie ! Avec une matrone derrière une vitre à l’épreuve des balles aussi sympathique qu’un goulag en fonction. Bivouac dans les restes des gadoues épargnées par trop d’inondations. Moustiques, tiques sont aux rendez-vous.

Samedi 17 août 2013

Omsk. Pour la visite, rien sur notre guide « Petit futé ». Heureusement le « guide Régior » nous déniaise. Vastes avenues, beaux bâtiments, et, au centre ville, peu de circulation. Les gens semblent se balader plutôt que se déplacer. Une certaine langueur traîne autant chez les piétons que les automobilistes. Le fleuve Irtych se prélasse, ignorant la vie grouillante sur ses rives. Marché magnifique, avec des légumes que l’on qualifierait de mûris en Italie ! Les tomates, les courgettes n’ont rien à envier aux marchés italiens. Ventes de champignons, pommes de terre, miel, fruits (cranberries ?), pastèques et melons, le long de la route, qui nous trimbale d’Omsk à Ishim. Le GPS veut absolument nous faire entrer au Kazakhstan pour rejoindre Ishim. Nous apercevant à temps de cette erreur, nous opérons un retour sur Omsk et … bouchons !

Encore une chose. Il n’est pas rare de croiser sur les bas-côtés de la route des voitures avec un signal de panne et le capot ouvert. N’allez jamais leur porter secours. Ce sont des Arméniens vendant de la pacotille avec force insistance.

Dimanche 18 août 2013

Deux mois que nous sommes sur les chemins ! C’était hier, et c’était il y a longtemps ! La E22, route principale, mais inégalement retapée, nous cahote le long de champs de céréales à perte de vue. Les camions se suivent et se ressemblent. Deux chauffeurs sont sortis de la route, leurs chargements éparpillés sur les bas-côtés. Nous n’avons pas encore retardé nos montres depuis la Mongolie. Etrange !

Lundi 19 août 2013

Nos GPS et autres GSM nous confirment le changement d’horaire. Nous gagnons une heure. Pluie battante. Il ne pleut pas des cordes, mais des amarrages de paquebots géants. La route, mauvaise évidemment, cache ses pièges sous l’eau et les camions que l’on croise nous arrosent copieusement. Puis, le déluge se calme, le brouillard se dissipe et la route devient bonne ! Arrêtés trois fois par les pandores : une fois, nos phares n’étaient pas conformes ; deuxième arrêt, papiers. Pas compris, pas pu lire, circulez ! Une troisième fois, grands signes de l’en-casquetté, peu clairs. On s’encolonne. Comme il semble que l’on nous oublie, nous partons. Bivouac à une centaine de km d’Ekaterinbourg. Déménagement des voisins en raison d’un nid de frelons ! Nous déménageons aussi. Les frelons sont gros comme le pouce !

Mardi 20 août 2013

Ekaterinbourg. Une veine nous avons trouvé deux places de parc à l’ombre où nous pouvions laisser les chiens sans crainte. Nous étions sur la « prospect Lénine », avenue principale de la ville. Flânerie, rêverie dans cette très grande ville, où la circulation est fluide, malgré qu’intense. Vu la statue de Trotski qui pointe son doigt sur l’université et celle de Lénine qui lève une main vers, à ce que disent les citadins, les lieux où l’on vend de la vodka.

Bivouac le long de la E22 sur Perm, agrémenté de la visite de trois chasseurs armés jusqu’aux dents et prétendant aller chasser le grizzli ! Deux sur un quad et un à pied, ils ont disparu dans la forêt avec force cris et réapparu discrètement durant la nuit … sans grizzli !

Mercredi 21 août 2013

Direction Perm où nous cherchons le musée du Goulag. A l’adresse indiquée par le « Petit futé », qui ne l’est aucunement, pas de musée. Seulement le ministère de l’agriculture. « Perm 36 » du nom de l’ancien goulag, selon les renseignements obtenus, est situé à une centaine de km au NE de la ville. Merci pour la précision « Petit Futé ».

Jeudi 22 août 2013

En faisant le plein d’eau à la pompe d’un village, nous apprenons, par GPS et téléphones réunis, que nous devons avancer nos montres de deux heures ! 08h30 à la place de 10h30. Pas étonnant que le trafic sur la route n’avait rien de féroce. Mais la valse des camions reprend assez vite et nous avons sagement suivi les effluves des mastodontes.

Vendredi 23 août 2013

Partis de notre bivouac par beau temps, bien reposés après une nuit calme et une très courte ondée. A 120 km de Kazan, appel de Jo qui nous dit que le Rover doit s’arrêter. Coup d’œil dans le rétroviseur et vision d’apocalypse. La machine fume comme si elle était en feu, Un nuage de fumée blanche masquant toute la route et d’où émerge l’avant du Land Rover. Circulation perturbée. Retour en arrière pour nous. Pourtant, rien ne brûle. Moteur arrêté. Joint de culasse ? La fumée se dissipe. Discussion. Remise en route du moteur et refumée blanche. Arrêt immédiat de celui-ci. Remorquage jusqu’à la prochaine possibilité de stationnement et on verra ! Sur l’aire de stationnement, « auscultation » du véhicule. Décision : Charger le véhicule sur une dépanneuse et en route pour la prochaine agence Rover à Kazan (quelque 120 km).

Une patrouille de la police routière, à l’affût des excès de vitesse, demande pour nous une dépanneuse (sans oublier de faire payer 30 fois le prix de l’appel téléphonique). Une heure plus tard, elle est là. Chargement et en route pour Kazan. Mais le chauffeur ne connaît pas l’adresse de l’agence Rover dans cette ville. Le chauffeur se démène comme un beau diable et il trouve. Le dépannage coûtera 6000 roubles et le chauffeur refusera une bonne-main. Une heure plus tard, un chef en chemise blanche et cravate (parlant l’anglais – c’est normal pour une agence anglaise) et deux mécaniciens s’affairent sur le véhicule. Mais comble de bizarrerie, plus de fumée blanche et un moteur qui tourne comme sur un banc d’essai (???). Après avoir changé le filtre à air et déclaré que la Russie ne connaît pas les filtres à particules, un tour sur l’autoroute avec le Land, suivi à deux mètres d’un Range flambant neuf avec le chef, les deux mécanos et un chauffeur. Arrêt sur la bande d’urgence! Vous pouvez continuer. Le chef donne son nom et celui du garage avec numéro de téléphone (il n’a plus de cartes de visite) et, sympa, il écrit « good luck » sur le papier.

Bivouac dans un champ. Nouveaux regards sur ce moteur. L’embout de l’échappement est enduit de « vert-de-gris » et le pare-chocs de poudre blanche (???). Grand salut d’un paysan qui passait avec sa moissonneuse. Nuit blanche pour les occupants du Land qui n’ont plus confiance en leur mécanique.

Samedi 24 août 2013

Kazan – Nizhniy – Novgorod, symphonie cacophonique de camions, de chantiers, d’amortisseurs qui grincent dans les trous et sur le bosses. Arrêt au super – marché Auchan à Novgorod pour trouver une nourriture « connue ». Bivouac sous les arbres, près des marigots stagnants avec moustiques à la clé. Le Land tient le coup. Le Sprinter quand à lui, « broute » au démarrage. Mais cela a commencé en Mongolie déjà et sans que l’on puisse en déterminer la cause.

Dimanche 25 août 2013

Visite de Vladimir, cathédrale de la Dormition (12e) et de la Porte d’Or. Magnifique et calme. Repris les bouchons, les chantiers et les camions (c’est pourtant dimanche !). Température nettement plus fraîche.

Lundi 26 août 2013

Arrivée à Moscou vers 11h30. Trouvé deux chambres à l’hôtel VEGA, alors que, par téléphone le jour précédent, on nous avait assurés que l’hôtel était plein. Repas ouzbek à midi et italien le soir. Demain visite de la Place Rouge avec un guide. Bonne nuit. Gamma a passé sa première nuit dans un **** !

Mardi 27 août 2013

La guide, Svetlana, nous a chaperonnés à 14h00 à l’hôtel VEGA. Départ pour le centre – ville de Moscou par le métro à cinq pas de l’hôtel. Le métro est, selon elle, le moyen le plus sûr de voyager rapidement, efficacement et dans la propreté. Effectivement. Et de plus, nous avons pu admirer ces fameuses stations à thèmes : celles des Partisans, des verriers, des mosaïques relatant l’histoire de la Russie, de Lénine. C’est beau, bien entretenu et très propre. Puis, parapluie rose posé verticalement sur son épaule, elle nous a emmenés d’un pas allègre ; place de la Révolution, place Rouge, Kremlin, cathédrale St Basile, cathédrale – mère de l’orthodoxie, la plus grande de Russie, que Staline avait détruite et transformée en piscine ouverte été comme hiver. Elle a été reconstruite copie – conforme en 2005. Magnifique ! Statues de Gogol, de Pouchkine, de Dostoïevski, de Lénine, et qui jalonnent ces lieux empreints de culture que renforce encore la présence de nombreux musées et théâtres. Ensuite flânerie le long du boulevard Arbat, un genre de Montmartre moscovite. Les trois heures étaient écoulées. Svetlana nous a reconduits au métro, nous recommandant de compter les arrêts et de descendre au 7e. Après-midi intéressante, avec une relève de la garde du monument aux victimes de la guerre et des purges staliniennes que l’on appelle pudiquement monument aux martyrs. Le pas de l’oie est sonnant tant on lève haut la gambette bottée, le geste est précis et coordonné comme une mécanique, le regard vide, les gants blancs, étincelants. On dirait une boîte à musique animée, tant cela est précis et enchaîné dans les mouvements saccadés. Et les braves gardes devront rester parfaitement figés durant la prochaine heure ! C’est beau Moscou sous le soleil enfin revenu. C’est cosmopolite, vivant, marrant aussi avec des artistes de plein air déguisés en Shrek, en corsaires, en gladiateurs ou en mannequins immobiles. Nous avons bien aimé.

NOUS QUITTONS LA MONGOLIE PLUS VITE QUE PRÉVU! (20.08.2013 en Sibérie

Nous avions l’intention de passer une bonne dizaine de jours dans la région d’Olgii et l’extrême sud ouest de ce pays. Une épizootie (« peste noire ») ne nous le permettra pas. Les routes mongoles sont barrées, équipées de postes sanitaires de désinfection et, manifestement, les étrangers, surtout avec des chiens, ne semblent pas être les bienvenus. Les renseignements manquent. Les autorités russes nous laisseront-elles pénétrer sur leur territoire ? Les chiens seront-ils mis en quarantaine à la frontière, ce qui nous obligerait à prolonger nos visas russes ? Etc., etc.

Nous décidons de tenter, comme prévu mais un peu plus tôt, de rejoindre la frontière russe de Tsagaannuur (MGL) / Tashanta (RUS) , en fait, « la fuite en avant ». Vraiment dommage !

Pourtant le passage de la frontière se fera sans gros problème. De neuf heures le matin à trois heures l’après-midi, pratiquement sans trafic, hormis quelques camions locaux. ! Quatre cinquièmes du temps pour Mlle Naskja et MM Nash et Gamma !

(extraits du journal de Micheline, photos de Josiane, Micheline et Denys)

Lundi 12 août 2013

Olgii : MongoliaTelecom ne dispose que d’un système poussif. Impossible de faire passer notre « post » pour le blog. Une heure perdue et 600 tg en moins, nous renonçons. Visite au centre d’informations pour la région frontière avec la Chine. Là, on ne parle que mongole ou russe. Visite au musée où la directrice parle français. Comme nous avons rencontré des policiers armés de désinfectant, nous nous posons des questions sur cette quarantaine due à une épizootie. Un médecin suisse, rencontré précédemment, n’a obtenu que des renseignements vagues à la douane. Epizootie de « peste noire » chez les marmottes et transmise par des mouches. A la frontière, le service de douane n’a aucune idée des formalités. Les Russes nous laisseront-ils entrer ? …

Mardi 13 août 2013

En quittant le bivouac, près de la frontière, nous voyons pour la 3e fois en divers lieux, « notre » cycliste anglaise, voyageant seule. Elle dormait au bord de la route en attendant, elle aussi, l’ouverture de la frontière mongole prévue à 09h00. Désinfection des pneus, enregistrements des chiens. Un conducteur de chien de la douane mongole nous a suppliés de lui vendre Gamma pour en faire un chien « stup » ! « Your price will be mine”  nous a-t-il dit! Nous n’avons pas hésité à … refuser son aimable offre. Panne de PC à la douane, affolement de la custom’s officer mongole, attente et patience. Finalement, tout sera transposé à la main dans un « carnet du lait ». Un no man’s land d’une dizaine de km sépare les postes mongole et russe (col à 2481m). Contrôles vétérinaires. Nous craignons la mise en quarantaine de nos compagnons. Heureusement, ce n’est pas le cas.

Bivouac le long de la route, dans des paysages guère différents de ceux de la Mongolie.

Nous vous raconterons nos péripéties « russes » dans un prochain « post » !

A bientôt!

EN ROUTE VERS LE NW ET L’ALTAÏ (10 08 2013)

(extraits du … etc)

Samedi 3 août 2013

Passé Tes ce matin. Village complètement endormi. Il est pourtant presque 09h00. Suivi une piste de fond de vallée, sableuse, avec franchissement de petits oueds. Pierreuse sur les collines. 100 km plus loin, arrivée à Baruunturuum (si, si, ça existe !). Ensuite un gué, peu d’eau. Joli endroit, plat, agrémenté de buissons odorants, mais aussi d’innombrables détritus.

Bivouac près de dunes où Jean-Claude a pu puiser de quoi tenir ses promesses. Visite à trois reprises d’un père et de son fils. La première fois, ils ont été copieusement aboyés par Gamma. Ils sont restés à l’écart, statiques près de leurs montures et, après les salutations, ils sont partis au grand galop. Puis sont revenus, sans les poulains à la longe. Le fils portait le chapeau à pointe et se tenait fièrement sur sa monture. Puis sont repartis et revenus avec du fromage de chèvre frais, bien odorant, et une bouteille « mystère » : à sentir c’est à vomir, tout cela sent le bouc, à boire en se bouchant les narines, c’est presque faisable. Cadeaux échangés. Dunes, petites certes, mais absolument inattendues dans cette vallée. C’est le charme de la Mongolie. Aujourd’hui, plus de 30 degrés. A l’heure où j’écris (22h00), tempête de sable. Le désert en pleine steppe quoi !

Dimanche 4 août 2013

Sur la carte 132 km, sur l’un des rares panneaux 160 km, bref pour arriver à Ulaangom, tôle ondulée à l’infini. Et mauvaise, cassante et profonde. Les secousses nous empêchent d’apprécier le paysage, l’œil est rivé sur la piste dévastatrice … une journée démoralisante où l’on ne fait que tressauter , vibrer avec le véhicule, anxieux de savoir si les prochains km n’auront pas raison de la mécanique. … Juste après le pont qui mène au goudron au sortir de la piste infernale, une rivière. Chic ! Bivouac parmi les vaches placides et les taurillons plaintifs. Exténués, nous nous endormons assez tôt !

Lundi 5 août 2013

Comme c’était hier dimanche, pas de change, pas de magasins, calme plat. Ce matin, nous sommes retournés en ville pour quelques achats, blog, pleins d’eau et de diesel. Supermarket sous un hôtel : pas mal fourni. Mais sans pain. Deuxième magasin : pain. Bon, c’est fait. Banque ensuite pour échanger quelques dollars. Attente, attente et encore attente, tant la banque était pleine de familles avec enfants. Les billets de 20$ à changer n’ont pas tous passé la machine « à détecter les mensonges ». Elle rejetait certains billets, comme par caprice ; mes billets étant flambant neufs, achetés dans une banque suisse et dont les numéros de série se suivaient.

Après les grands espaces, journée civilisation idiote dans une ville incompréhensible à nos esprits cartésiens et habitués à une technique élémentaire, même si elle est rudimentaire, que Ulaangom semble ignorer. Journée ratée : il en faut quelques-unes pour vous enseigner la modestie.

Joli bivouac avec dunes à l’horizon. Orage, fort vent, puis clame plat. Silence intégral, à part quelques chants d’oiseaux. Bonne nuit !

Mardi 6 août 2013

Passé Nuranbulag avec une bonne surprise : la piste amène au goudron. Il nous semble que ce sera la nouvelle route (quelque 200 km au sud) Oulan Bator Oulangom. Mais il semble seulement. Sommes arrivés à un camp de yourtes au bord du lac (recommandé par le guide LP) pour prendre une douche et se restaurer. La patronne nous demande si nous voulons de la viande ou du poisson. Nous optons pour le poisson. Et, placide comme les bovidés du coin, sans ciller elle revient nous disant : »No fish, but 10$ each people for dinner ». Quand aux douches, c’est simplement un bain dans le lac.

Visite au bivouac d’une « cargaison » de Mongoles entassés dans un pick-up Ford, nous demandant si nous possédions une clé de 28 pour changer le simmering du pont arrière. Nous essayons de les aider du mieux que nous pouvons. Fièrement le chauffeur nous présente la pièce de rechange. Moult et nombreux efforts plus tard, nous nous apercevons que ce n’est pas la bonne ! Le pont arrière est remonté. Tout ça dans la bonne humeur et les chuintements de la langue mongole. Le pick-up reprend la piste du désert avec ses douze personnes à bord …

Mercredi 7 août 2013

De cette presqu’île qui sépare Khyargas Nuur et le plus petit lac Airag Nuur, nous revenons sur nos roues à Naranbulag (une trentaine de km) pour acheter du pain dans l’optique de se « prélasser » deux jours au bord du grand lac. Trouvé un pain sec, oublié dans le frigo de la boutique. On fera avec.

Le « gérant » de la station de carburant nous indique une piste contournant les gadoues et qui nous ramène sur une tôle ondulée, assez digeste. Trois ensablements du Sprinter et trois sauvetages Jean-Claude qui, de son côté, constate la rupture du support d’un amortisseur arrière. Il faudra retourner à Naranbulag chez le « mekhanik ». Pour l’heure, nous nous réjouissons de poser nos os durant deux jours sur les rives d’un lac en plein désert, dont la couleur change avec les humeurs du ciel, Tantôt bleu azur, bleu indigo ou turquoise.

Jeudi 8 août 2013

Farniente ! Quoique soins aux véhicules et nettoyage de l’intérieur qui en avait un sérieux besoin. Observations rêveuses sur le lac : peu d’oiseaux, goélands, cormorans, canards. En dose infime. Pas d’habitants, pas de pêcheurs, pas de bateaux. Un lac désert, entouré de désert. Autre constatation : la pureté de l’air. Le regard porte loin. Les verres des lunettes optiques sont toujours foncés. Et, le soir, les yeux gardent un éblouissement, comme lorsque, en pleine nuit, on fait de la lumière brusquement … divagations dues à l’inaction momentanée !

Grâce à Béatrice et à Josiane, et ça c’est primordial, les Liengme mangent chaud. Notre potager-mazout Wallas a rendu l’âme et a été remplacé par le « camping-gaz » de réserve. Merci !

Vendredi 9 août 2013

Troisième passage à Nuranbulag, village au bord de la nouvelle route goudronnée au milieu du désert. Jean-Claude a pu faire souder son support d’amortisseur par un soudeur consciencieux qui lui a proposé de renforcer le système. Et pour nous, il n’a pas été inutile d’accompagner nos amis : le filtre à huile du Sprinter, changé la veille, n’était pas étanche !

Bivouac au bord du lac Olgii Nuur sur la piste A1701 en direction de Khovd … où le guide LP nous promet un marché bien fourni.

Samedi 10 août 2013

Arrivée sur Khovd, grand bourg universitaire et industriel. Marché de légumes et de fruits (pastèques et melons, quelques abricots et de rares pommes). C’est animé et souriant. Le gros des achats se fera au supermarché, ou plutôt dans les deux que compte Khovd. Comme c’est samedi, tout est fermé : office du tourisme, banques et autres organismes qui auraient pu nous renseigner sur la fermeture aux étrangers du Bayan Olgii en raison d’une épizootie bovine et ovine. On verra !

Entre le lac Olgii et Khovd, paysages somptueux de montagnes rouges, vertes, brunes, blanches. Nombreux troupeaux malgré le peu de yourtes. Piste agréable pour une « route principale ». Nous y avons même croisé deux camions de 40 tonnes. Chapeau, les routiers !

Dimanche 11 août 2013

Quitté Khovd à 08h30, pas arrivés à Olgii le même jour ! 224 km entre ces deux villes de quelque trente mille habitants. Nombreux gués à traverser, certains assez difficiles. Entre Khovd et Bayan Enger, paysages magnifiques, montagnes multicolores, sommets chapeautés de glaciers (4200 m), cols vertigineux. Le plus haut accuse 2561 m d’altitude. C’est l’un des plus beaux paysages vus, et Dieu sait si la beauté de certains coins de ce pays nous a souvent soufflés. Rendus, nous bivouaquons entre piste et route en chantier, dans le doux murmure des camions qui approvisionnent en sable et en gravier la nouvelle route « du Sud », et les sifflements des marmottes – écureuils. La « poésie » des machines étouffe celle de la nature !

Demain Olgii, pays des aigles.

A bientôt.

LAC KHOVSGOL ET LE NORD (4 août 2013)

(extaits du journal de Micheline, photos de Josiane, Micheline et Denys)

Mardi 23 juillet 2013

… Tourisme : Visite du monastère Erdene Zuu où les moines officient dès 11h00. L’appel se fait par deux moinillons soufflant dans une corne. Le monastère est très majestueux offrant moult Bouddhas, sous toutes les formes possibles. Parfois ils sourient, souvent ils menacent, et fréquemment ils sont béats, l’esprit dans un ailleurs qui nous échappe…

Mercredi 24 juillet 2013

… Pluie soutenue depuis midi. Seul avantage, moins de poussière sur l’A1603, détestable, pierreuse, pleine de trous, enfoncée, défoncée. Seul avantage aussi, elle n’est pas payante alors que hier on nous a défaussé de 500 tg pour de la tôle ondulée et une route en chantier. … .

Jeudi 25 juillet 2013

Aujourd’hui beaucoup d’efforts pour peu de km ! Tout d’abord, nous avons cherché, parmi les pistes et contre-pistes qui jalonnent le fond de la vallée du Terkhion Tsagaan Nuur, celle qui mène à Jargalant. Galéré comme des forcenés dans la gadoue, les trous et les bosses… En fait, il n’y a qu’un pont, les autres sont soit démolis, pourris ou défoncés. La piste de Jargalant est une véritable épreuve, trial entre gués boueux et chemins malaisés et pierreux à flanc de montagnes. En revanche, le paysage est magnifique. … Nous avons été ébahis par les chauffeurs mongoles qui circulent sur les pistes avec de simples véhicules non 4×4 ! Sont-ils des as du volant ou tout simplement téméraires ?.

Vendredi 26 juillet 2013

… Arrêt à Shine Ider pour le pain (sec !) Piste très diverse, entre sable, pierres, boue en direction de Mörön. Passage épique de cols. Ici pas de lacets. On escalade la montagne en ligne droite ! Paysages magnifiques, fonds de vallée verdoyants, Nombreux troupeaux de moutons, chèvres et yaks… Aigles projetant leur ombre dans un vol sans un coup d’aile … Finalement, pluie, voire grêle, mais comme jusqu’à présent en Mongolie, de courte durée.

Samedi 27 juillet 2013

… A Mörön, plusieurs magasins pour trouver l’essentiel. … Trouvé une « boutique » de débit de viande, acheté un gigot de mouton qui parfumera mon frigo ! Ce sont des femmes uniquement qui s’affairent à dépecer les bêtes. L’animal est grossièrement équarri. N’allez surtout pas demander une entrecôte ou un jarret. Mais les dames bouchères étaient rieuses, gaies et avenantes. Bivouac dans les mélèzes au-dessus du Lac Khövsgöl, parc national.

Dimanche 28 juillet 2013

Journée stand-by ! Le soir précédant, visite d’une « artisane » venue nous présenter des articles quasiment « made in China » … Dans la journée, visite encore d’un cavalier juvénile menant ses 800 chèvres et moutons au pâturage. Il nous a aidés à faire le bois pour la grillade du mouton, acheté la veille. Excellente viande et excellent maître rôtisseur en la personne de Jean-Claude. Le chevrier-cavalier a mangé avec nous, par étapes, soucieux qu’il était de ses chèvres. Un mignon homme-enfant, bien éduqué, curieux, éveillé. Comme les lentilles accompagnaient notre grillade, il a fortement apprécié la viande, bien moins l’accompagnement. Chou comme tous les grands gamins des steppes. … Un pêcheur est venu nous vendre le produit de sa pêche lacustre. Poissons avec arrêtes dans des bocaux (de récupération). Excellent au dire des amateurs. … Point noir de la journée : Naskja et Gamma se sont empoignés et c’est Denys qui en fait les frais. Main droite amochée, pharmacie de secours, désinfectant, pansements, antibiotique, … Jeux de chiens, jeux de vilains !

Lundi 29 juillet 2013

Stand by again, histoire de finir le gigot de mouton sur la grille et de reposer nos carcasses encore tressautantes ! …

Mardi 30 juillet 2013

… A l’ouest de Mörön, visité les stèles représentant des cervidés, vieilles de 3500 à 4000 ans avant JC. La région est constellée de tombes et le lieu fait l’objet de fouilles.

Mercredi 31 juillet

Vu la pluie abondante de la nuit dernière, retour à Mörön pour prendre la piste principale et trouver un pont. A Bürentogtock, trouvé un « mekhanik » pour souder le support de la boîte de transfert du Sprinter, cassée net lors de la montée d’un col. Outillage rudimentaire, installations électriques datant de Gengis Khan, mais soudure comme peu savent encore le faire chez nous. … Prix de la soudure et du meulage : 20’000 tg (14 USD) !

Jeudi 1er août 2013

Fête nationale, sans flambeaux, sans feux, sans lampions. Mais une route nationale vaseuse, glaiseuse, qui, vu les pluies des derniers jours, était savonneuse à souhait. Nous avons dansé le tango, le paso-doble, la polka et le quadrille sur presque tout le parcours avec un risque de « queue à tête » ! Vitesse 30 km/h. Dans un pays aussi vaste, nos rêves de voir ceci, de visiter cela s’évanouissent. … Il pleut !

Vendredi 2 août 2013

Recherche de pain. Trouvé mais sucré ! Tout est sucré ici, le vin, le fromage, les cornichons et donc même le pain. Rencontré un couple belge arrivé depuis peu. Echangé quelques expériences routières, parlé itinéraires et qualité de la piste. Comme les Allemands d’hier, la progression lente sur les « routes » mongoles a rogné quelque peu leur espoir de « tout » voir. … Beaux paysages, suite de longues vallées étales, riches en yourtes et en troupeaux , puis collines que l’on grimpe droit en haut. Par endroit, la steppe devient « bush », avec épineux et sable. La succession vallées et collines à l’infini montre l’immensité de la Mongolie.

A bientôt depuis Ulaangom